Pendant que la Loi Climat animait les débats toute cette semaine au cœur de l’Hémicycle, pendant que classe politique et corps médical se divisent une fois de plus aux vues des dernières annonces pour un dé-confinement progressif, pendant que la ligne 12 du métro de Mexico subissait une avarie mortelle sans précédent, pendant qu’à Panam’ ça sentait le roussi dans le 19ème, pendant que le petit Larousse se voyait cette année augmenter de nouvelles entrées, la plupart liées à la crise sanitaire, pendant qu’à l’autre bout de la galaxie, Thomas fait rêver petits et grands, pendant que dans le petit bois derrière chez moi, j’ai enfin localisé l’endroit où sangliers et biches vont boire à la rivière et pendant qu’à force de patience et de recherche je localisais une paire de rétro « Trucker » pour mon Vanagon …
Et bien pendant ce temps là … oui, pendant ce temps là, j’œuvrais dans l’ombre ces derniers temps sur un projet un peu particulier, mettant en images et en scène, mais surtout à ma façon, la Normandy Beach Race qui s’est déroulée sur le sable de Ouistreham en Septembre dernier …

Sans doute un des rares événements digne d’intérêt de cette curieuse année 2020, la Normandy Beach Race a rassemblé nombre de racers sur le sable, mais aussi moult photographes, tellement d’ailleurs que je me posais la question si le nombre d’objectifs présents ce week-end là, n’était pas supérieur au nombre de petrolhead engagés. Je crois, sans trop prendre de risques que la réponse à cette interrogation est un grand oui … Ce constat est le point de départ de mon travail, mais nous y reviendrons un peu plus loin … Dès le Samedi, aidé d’un tour de magie grandeur nature, j’arpentais le sable de Riva Bella avec une idée bien précise de ce que j’étais venu faire là … J’ai laissé de coté les photos très conventionnelles ayant repéré derrière certains boîtiers les copains qui bossent pour la presse spécialisée, pour me concentrer sur des envies de boulots bien plus personnelles … Je finissais par alterner entre numérique et argentique m’assurant la quantité de matos nécessaire pour pouvoir œuvrer à l’atelier une fois rentré au bercail. Même mon Smartphone sera mis à contribution, histoire de ne pas passer pour un clown complètement perdu, déjà que … Bref … Clic Clac … ré-arme … clic Clac … change de dos sur le Bronica … change de carte sur le Canon … Clic Clac … Clic Clac …
Pour le reste de ma journée sur le sable, je te laisse te rafraîchir la mémoire avec la chronique dédiée rédigée l’an dernier à mon retour de Ouistreham … Une fois au HQ, affalé dans mon fauteuil , j’activais la boite à idées dans un coin de ma tête, j’envoyais les films dans mon labo préféré du coté de Panam’ pour un traditionnel combo, développement/planche contact et attendait leur retour la boite à idées en pleine ébullition … Les films en poche, je scrutais les planches contact à la recherche d’un cliché en particulier. Mon Bronica possède un dos qui a tendance à faire décaler le film, en gros à quasi chaque film j’ai une double/exposition,une photo exposée deux fois, l’une sur l’autre, donc soit la même scène si tu doubles ta photo, ou bien alors deux images différentes … tu vois ou je veux en venir … Souci technique pas facile à maîtriser car ne se décalant jamais au même endroit sur le film qui ne comporte pourtant que 12 poses … Soit … Sur place j’ai senti mon dos se décaler, et je me souviens avoir réalisé au même moment plusieurs clichés de la zone de départ mais avec des points de vue différents sans trop me déplacer … Bingo, le film comporte une double-exposition, sur la « starting zone », cherches pas à l’américaine c’est toujours mieux … Nous sommes alors en Octobre, l’envie de présenter cette photo à Retromobile est naissante et la situation sanitaire ne semble pas complètement compromise, ouais ok, à ce moment j’étais plutôt confiant et mon optimisme naturel était au beau fixe … Il l’est toujours je te te rassure, en revanche en ce qui concerne Retromobile, c’est définitivement cuit, du moins pour 2021 … Février … puis Juin … puis 20222, bref n’en parlons plus.
Avec plusieurs projets germant en même temps, il me fallait faire du tri afin de rester cohérent, alors je restais concentré sur ma photo en double-expo que j’imagine déjà en grand format, non en très grand format, voire même en très très grand format … Il faut croire que ma rencontre l’an dernier avec Serge et Daniel de la Art Speed Gallery a définitivement changé mon approche du grand format, mais ça c’est une autre histoire. Ce qui est sûr, c’est qu’elle ne peut être présentée seule, pour autant même si mes autres clichés sont bons, je ne trouve alors rien d’aussi fort susceptible de partager la scène avec cette fameuse image. Une exposition collective organisée à Monaco en Juin/Juillet prochain, va changer la donne, nous sommes alors fin Avril, il reste de la place mais plus beaucoup, il reste un peu de temps pour enregistrer les œuvres mais plus beaucoup. Je réserve une place sur la toile numéro 5 (les œuvres sont exposées sur des bâches, dans l’esprit des pubs du Metro …), dont je ne connais pas encore le lieu d’exposition, et le compte à rebours se met en branle, forçant un peu la main à mon petit cerveau. Formater par ma vie professionnelle d’avant, dans laquelle il faut avouer que nous étions excellents à condition d’être à la bourre version XXXXXXL et encore je suis gentil, et pourtant malgré un délai quasi anorexique, je me levais à J-6 de la date butoir avec une idée bien précise du résultat ….
Ce sera un triptyque, ma double-expo en format géant entourée de deux tirages façon cyaontype en mode collage. L’idée principale est de scinder une seule et même scène, si possible une scène qui s’est répétée quasi à l’infini tout au long du weekend. Scinder la photo en plusieurs points de vue, comme autant de photographes présents lors de ce week-end, composant la même images mais avec chacun un focus particulier. Je sélectionnais alors une poignée de clichés numériques prompts à être découpés et je créais plusieurs point de vue de la ligne de départ. Chaque point de vue est alors transformé en négatif, puis tiré en cyanotype sur plusieurs papiers, représentant la façon dont chaque photographe s’est appropriée l’image de part son traitement. Le fond de ce tirage fait écho à une autre partie de mon travail qui fera suite à celui-ci, inspiré de notre passage sur le sable de Ouistreham … Un savant collage se charge de re-unifier les quatre tirages sur le cinquième créant alors une sixième image. Une image que j’ai pu enregistrer à H-3 de la date butoir, m’assurant la présence lors de l’exposition collective à Monaco. Il me reste encore à réaliser le deuxième tirage qui compose ce fameux triptyque, dont l’image est déjà sélectionnée, puis contacter mon labo préféré afin de sortir le très, très grand format en double-expo … Soyez assurés que ce projet sera présenté d’une manière ou d’une autre en Juin 2021, comme si Retromobile n’avait jamais été reporté ou annulé, sans doute dans un champs ou au fin fond d’une clairière, dans le petit bois derrière chez moi, me dispensant alors du respect des gestes barrières, d’une jauge de 5000 personnes et du « pass sanitaire » …
Te faire une chronique te révélant un de mes derniers projets personnels, t’expliquant en partie ma démarche et ma volonté, tout en te contant comment j’ai mené le sable de Ouistreham du coté de Monaco, revêtu d’un bleu de Prusse tantôt profond, tantôt délavé … Ça c’est fait !!!